L’Association Tégo – Les rendez-vous Tégo

Le 2 octobre s’est tenue la 4ème édition des Rendez-vous Tégo, organisée aux Invalides par l’association Tégo, sur le thème de la reconstruction des blessés par le sport.

Le sport fait partie de l’ADN du militaire. Quand la blessure, physique ou psychique, survient, la reconstruction passe par un accompagnement médical, psychologique mais aussi, et de plus en plus, par le sport.
Dans l’ADN de l’association Tégo, il y a les notions d’entraide et de solidarité. À travers ces Rendez-vous Tégo, l’Association a souhaité montrer à ceux qui n’ont pas encore pu, voulu, ou osé se lancer dans un processus de réadaptation du handicap par le sport, que cela reste possible grâce à une activité physique ou sportive.

La prise en charge du militaire blessé

Le parcours des blessés se fait en cohérence avec les acteurs ministériels, c’est un parcours qui place le blessé et sa famille au centre du processus, ce qui est essentiel. Le commandement du Centre National des Sports de la Défense (CNSD) a une obligation d’accompagnement et de suivi dans la durée ; pour cela il vise à ce que les blessés puissent être remis rapidement en activité sur des activités durables.
Le général Cyrille Becker, commandant du CNSD et commissaire aux sports militaires, a rappelé les 3 phases sur lesquelles travaille le CNSD :·    La phase de réhabilitation au plus proche de l’hospitalisation : une équipe du département des blessés militaire et sports du CNSD se déplace pour voir les blessés afin de parler du sport et de ce que les militaires peuvent apporter en sport : confiance en soi, confiance en ses aptitudes… ;·    La phase de découverte ou redécouverte de l’activité physique : il s’agit ici de fixer des objectifs sport, de cohésion, des objectifs sur soi et collectif à travers différents stages (équitation adaptée, voile, stages familles, Invictus Games…) ;·    La phase de détection et de compétition permettant de détecter des blessés au profit des équipes de France, des championnats civils, de l’Armée de Champions….
Ce travail se fait de concert avec beaucoup d’acteurs, et notamment le Service de Santé des Armées (SSA). La colonel Facione, professeur agrégé du Val-de-Grâce et chef de service à l’Hôpital National d’Instruction des Armées Percy, intervient dès la phase d’hospitalisation mais aussi tout au long du parcours d’accompagnement afin de savoir appréhender le handicap et adapter sa pratique physique ou sportive.·    Tout commence à l’hôpital avec un temps de soin, le blessé se retrouve brutalement en position de malade, voire parfois en situation de handicap, et il va intégrer un parcours de soin adapté à ses blessures. En cas de blessure physique, le parcours de soin va aboutir dans le service de Médecine Physique et de Réadaptation où la démarche se fait en 3R : rééducation (récupérer au maximum d’une lésion), réadaptation (compenser si une séquelle est présente, par exemple une prothèse s’il y a une amputation), réinsertion (permettre au blessé de retrouver une place dans la société, dans le monde professionnel, dans sa famille…).La réinsertion est intimement liée avec la reconstruction, car il est compliqué de se reconstruire sans se réinsérer et vice versa. C’est donc là que le sport va intervenir comme vecteur de la reconstruction, pour les militaires c’est un vecteur très naturel, donc par plusieurs biais le sport est introduit très tôt dans le parcours de soin.·    La 2ème phase concerne les stages proposés, ils sont labellisés par un comité de labellisation mixte CNSD et SSA qui définit les modalités d’accompagnement santé de ces stages. En fonction du type de blessé et de l’activité, un encadrement mixte sportif et santé sera mis en place, ce qui différencie un simple stage de sport avec ces stages de reconstruction par le sport.·    Enfin, la 3ème phase correspond à la compétition, ce n’est pas un aboutissement systématique, l’important étant la pratique pour se reconstruire. Le sport va muscler la résilience et la capacité à trouver ce nouvel équilibre et à rebondir, mais c’est aussi un moyen de prévention. Les soignants ont à cœur d’inciter et de rendre possible cette pratique, néanmoins une personne blessée est plus à risque de se sédentariser du fait d’une fonction altérée par exemple, elle est donc plus à risque de développer des maladies chroniques telles que le diabète, l’hypertension artérielle ou certains cancers. Ce n’est donc pas uniquement pour se reconstruire, mais aussi pour garantir sur le long terme un meilleur état de santé et une meilleure qualité de vie en général.
 Le projet Institut Parasport Santé (IPS)

L’inspiration du projet IPS est née de deux constats : le premier remonte au début des années 2000, lorsque le Professeur François Genêt était médecin officier sous contrat à Percy et qu’il a constaté tout ce qui était proposé aux militaires blessés. Il a alors souligné que dans le monde civil il n’y avait pas cette approche d’accompagnement par l’activité physique et le sport.
Le deuxième constat est que l’espérance de vie des personnes en situation de handicap augmente considérablement. Cette population vieillit et souffre des mêmes pathologies chroniques que la population générale sauf qu’elles arrivent plus tôt dans leur vie et qu’elles se cumulent aux pathologies liées aux séquelles du handicap. C’est alors que la notion de santé dans la prise en charge du handicap est devenue évidente dans les approches et les réflexions.

Historiquement, contrairement aux Armées, le monde du sport et celui de la santé sont assez séparés dans le monde civil.
L’objectif du projet IPS est d’assurer le suivi médical de la population vieillissante, qui va avoir des pathologies et des blessures qui leur sont spécifiques. Comme tout le monde, le militaire est vieillissant, il était donc naturel de faire le lien entre ce projet et le SSA ainsi que l’hôpital Percy.
Avec ses partenaires assureurs, l’association Tégo a pour préoccupation majeure d’accompagner les camarades en difficulté, singulièrement ceux qui sont blessés. L’Association a tout de suite adhéré au projet de par les synergies possibles, entre le monde civil ayant une problématique nouvelle et le monde militaire qui a déjà une pratique et une approche de la réadaptation du handicap par le sport. De plus, les valeurs véhiculées par le projet IPS sont en adéquation avec les valeurs portées par Tégo, il semblait donc naturel de se retrouver avec d’autres partenaires et acteurs institutionnels autour de ce projet.
Plus concrètement, la création de la Fondation IPS a eu lieu cette année, les travaux commencent début octobre pour une livraison prévue fin 2027. L’IPS sera implanté aux Mureaux dans les Yvelines, comprenant un bâtiment de 7 000 m² avec des infrastructures sportives extérieures pour faire de l’évaluation, dédié à tous types de handicaps (psychique, déficience intellectuelle, amputé, lésions neurologiques, lésions orthopédiques…) adultes et enfants, dans un univers santé hôpital de jour.

Dominique Rachel Lévy, psychologue clinicienne et psychothérapeute, présidente du groupe de travail « Reconversion professionnelle des militaires blessés » au MEDEF, a également rappelé que le sport pouvait aussi comporter des risques, les risques physiques évidemment, mais aussi des risques psychiques à travers l’addiction au sport et le risque de développer une vie déséquilibrée. Pour éviter cette situation, il est important de développer une vie équilibrée reposant sur trois piliers  : une vie familiale, une vie sociale et une vie professionnelle. Ainsi, dans le cas où un pilier s’effondre momentanément, il reste encore les deux autres.
Parallèlement, pour faire écho à la réinsertion, Dominique Rachel Lévy a mis en avant son investissement à travers un projet avec le MEDEF. Ce dernier est très investi dans ce qu’il se passe au niveau des Armées grâce à son comité de liaison défense. Ainsi, au sein de ce comité, un groupe de travail a été créé il y a huit ans pour faciliter la reconversion des militaires blessés en sensibilisant les entreprises au fait qu’il y a, parmi les militaires blessés, un vivier de recrutement potentiel.


Ce qu’il ressort de ces Rendez-vous Tégo 2025 c’est que le terme de « reconstruction par le sport » cache une grande complexité.
Face à cette complexité, une des approches est le partage, c’est-à-dire que tous les acteurs puissent échanger afin de mener des actions complémentaires. C’est le sens de l’action de l’association Tégo : mettre en relation, faciliter et fluidifier les échanges, avec une nécessité d’avoir un réseau informel d’échange pour mieux accompagner les blessés qui souhaitent se lancer dans un parcours de reconstruction par le sport.